Les aliments ultra transformés – cracking alimentaire

Aujourd’hui je souhaite vous parler des aliments ultra transformés et de leurs conséquences sur notre santé. Nous verrons en quoi le cracking, ou fragmentation alimentaire, constitue un risque et impacte la santé dans nos sociétés. Pour vous parler des aliments ultra transformés, je vais tenter de fabriquer avec vous, sous vos yeux ébahis, un cordon bleu INDUSTRIEL! Vous êtes prêts? Immersion.

Les ingrédients

Bon alors déjà, pour faire de la bonne cuisine, comme tout bon cuisto qui se respecte, on va commencer par se laver les mains (ou s’en laver les mains ? Hem hem). Ensuite, nous allons choisir nos ingrédients. Pour faire un cordon bleu j’ai besoin à priori de : filet de dinde, jambon, fromage, et chapelure. Premier problème : Ça risque de revenir assez cher comme matières premières. Trouvons comment obtenir un meilleur rendement…

Faire plus avec moins bien

Pour avoir un meilleur rendement, voici la recette : mixer le filet de dinde, le diluer dans de l’eau. En faisant cela, j’augmente ma quantité de matière ! Bingo.
Je peux procéder de la même manière pour le jambon. J’obtiens deux bouillies.
Essayons alors de faire pareil avec le fromage : avec une tranche de fromage pas trop cher, je dilue dans de l’eau. Je mélange, je mélange… Aïe. Graisse et eau ne font pas bon ménage. Il va falloir que je me creuse encore un peu plus les méninges. En attendant que l’idée du siècle me vienne, je vais essayer de reconstituer mes filets de dinde et mes tranches de jambon. C’est maintenant que je sors ma baguette (mon épuisette?) magique pour jouer à l’apprentie sorcière.

Le cracking alimentaire

C’est un procédé utilisé en industrie agro-alimentaire. Il consiste à fractionner un aliment brut en sous produits.
Prenons quelques exemples :
Un épi de blé peut être décomposé en 13 éléments différents tels la farine blanche. Celle-ci est dite raffinée car elle n’a plus de son ni de germe de blé. Elle a déjà perdu une bonne partie de ses qualités nutritionnelles. On fractionne ensuite la farine en gluten et en amidon. On peut faire pareil avec le maïs : on peut le fractionner en amidon, sirop de glucose, sirop de glucose-fructose, polyol, amidon modifié etc.. Plusieurs autres matières premières peuvent ainsi passer au cracking (pois, lait, œufs, pomme de terre). On peut donc tirer d’un aliment peu cher pleins de parties séparées que l’on va pouvoir revendre et que les clients vont pouvoir reconstituer. Miam. Ça tombe bien, parce que pour l’instant dans ma recette, je n’ai qu’une bouillie de viandes. Mais grâce au gluten et aux protéines crackées, par exemple, je vais pouvoir redonner une texture semblable à des tranches de viande à ma mixture préalablement préparée.Et pour mon fromage ? Pas de problème: grâce à l’effet émulsifiant, épaississant d’autres produits, le mélange graisse/eau n’est plus un souci. C’est tellement grisant de faire des mélanges savants pour reproduire de toutes pièces une alimentation « humaine ». Goûtons maintenant nos préparations.

Stormtroopers se préparant à fragmenter un oeuf en mille morceaux

Additifs et mauvais sucres

Évidemment, à force de diluer de la sorte et de perdre en matière première, ma préparation n’a que très peu de goût. Qu’à cela ne tienne, il existe toute une artillerie d’additifs, arômes et mauvais sucres à ajouter. Il existe plus de 300 additifs répertoriés qui vont me permettre de choisir la couleur, la consistance et le goût que je veux donner à mon « faux aliment« . Je vais donc forcément trouver mon bonheur. Et puis pour être bien sûre que les enfants et que toute la famille en mange et y revienne je vais ajouter un peu de sucres cachés. Oh que je suis maline et fière de moi. Ben quoi, où est le problème ?

Conséquences de ces « aliments » sur notre santé

Trêve de plaisanterie. Il va sans dire que les aliments ultra transformés ont des conséquences délétères sur la santé.

  • Ils sont source de sucres rapides avec augmentation de la charge de sucres dans le sang. Cela peut provoquer une résistance à l’insuline puis un diabète de type 2.
  • Ces produits sont peu rassasiants car ils sont riches en matière grasse et en sucre (pour donner du goût)
  • Composés de produits raffinés donc vides de composés bioactifs (fibres, minéraux, vitamines, caroténoides, polyphénols) indispensables au maintient dune bonne santé.
  • Avec leur teneur en sucres, ils agissent comme une drogue.

La consommation trop importante de ces produits serait à l’origine de l’augmentation mondiale de l’obésité tant infantile que chez l’adulte. On l’observe facilement dans les pays en développement et qui ont adopté le mode d’alimentation industrielle occidental.

Dérégulation métabolique, altération du microbiote avec augmentation des inflammations intestinales, des intolérances au gluten, maladies chroniques (diabète de type 2, obésité) qui glissent vers des maladies plus graves (cardiovasculaires, certains cancers), sont une listes non exhaustive des risques que nous encourons lorsque nous consommons trop de ces aliments.

La recommandation en France est de réduire cette consommation de 20 %. Reste à savoir si cela est suffisant.

À part mon cordon bleu, les aliments ultra transformés c’est quoi?

En somme, les aliments ultra transformés sont des produits industriels reconstitués. En lisant l’étiquette de composition, si les ingrédients utilisés sont multiples et ne sont pas facilement trouvables lorsque vous faites vos courses, alors c’est un aliment ultra transformé. Ils sont la plupart du temps constitués de dizaines d’ingrédients, d’additifs (tous les E… et plus encore) et de mauvais sucres (tout ce qui se termine en -ose). Ce sont des aliments fractionnés recombinés, souvent créés de toute pièce par l’industrie agroalimentaire.

On y retrouve les chips, sodas, soupes, pizza, barres chocolatées, biscuits apéros, biscuits, tout produits préparés, salades en barquettes et les céréales petit déjeuner de nos enfants. Soyez attentifs à la composition : attention au sirop de glucose-fructose, sucre peu cher et très violent pour le pancréas. Les industriels nous gavent de leur sucres, produits et additifs sans même connaître toutes les conséquences sur notre santé à long terme.

Nous devenons addicts et esclaves. Pourtant ce sont nous qui achetons et consommons. Choisissez votre alimentation en conscience et en toute connaissance de cause.

En gros, il est difficile de ne pas trouver d’aliments ultra transformés dans un supermarché.
Il n’est, certes, pas évident de prendre le temps de cuisiner soi-même. Pour éviter la tentation dans un supermarché, je passe d’abord par les rayons frais et aliments bruts. Encore mieux, la tentation est moins grande en magasin bio, mais encore une fois, attention : manger bio ne suffit pas, apprenez à lire la composition de vos produits pour manger sainement. Je vous souhaite une belle exploration et des (belles???) découvertes dans le monde de l’alimentation.

En attendant, prenez soin de vous, soyez vous!

Pour aller plus loin: « Halte aux aliments ultra transformés! Mangeons Vrai » Dr Anthony Fardet